Depart : 12h pétante de Potosi, direction Uyuni, célèbre pour son "salar". Bon, il est 12h10, on arrive au comptoir de la compagnie "Tran Turismo Emperador" à l´arrache complet, le bus n' est pas encore la... (des fois, il faut compter sur le manque de professionalisme des latinos, et ca marche !!!).
Il reste 2 places, ok banco, je dis à Hervé "achetes les billets, je file chercher de la bouffe" (car il y a 6h de trajet qui se sont révélées être plutot 8h, et rien dans l´estomac). Petite surprise, les deux seules places restantes ne sont pas à coté, elle sont même carrément à l´opposé, une au milieu tout au fond, et l´autre, tout devant dans la cabine chauffeur (il y a souvent une paroi qui sépare le chauffeur de l´arrière du bus). Après un malheureux pile ou face, je me retrouve donc à l`arrière du bus, et ce que je redoutais pour le Pérou, arriva en Bolivie...
Pour commencer, une dame avec ses 3 bébés chèvres était assise à ma place. Gentleman traveller que je suis, je me dis, je vais aller ailleurs, sauf que je me suis fait virer à chaque place, et au final, 6h debout ne me convenait pas du tout. Du coup, j 'ai decidé de virer aussi la bolivienne. Moins gentleman, mais en Bolivie on apprend vite à ne plus respecter certains concepts occidentaux, comme la galanterie, le respect, l´aimabilité, la confiance et j´en passe...
Donc, me voila sur ma place arrière, enfin ma demi-place car une grosse mama à ma gauche recouvre l´autre moitié de ses gros bourlets. A ma droite, deux chicos s´occupent d´une des chèvre de la bolivienne pendant qu'elle s'occupe des autres (dont une découverte que bien plus tard, caché dans un sac). Pendant que les chèvres beuglaient (c´est bien "beugler" pour une chèvre non ?), deux jeunes, juste devant, commencent à mettre une radio suffisamment fort pour tout le bus...
Bref, sur le moment, c´est très...disons folkrorique... Mais 6h de trajet dans ces conditions, ça tape sur les nerfs, je me mets en mode zen attitude,en me disant que j´ai tout mon temps pour m´ennerver plus tard... j´entreprends de regagner du terrain sur la mama, a coup d´épaule discret quand elle bouge, ou de mouvement furtif de bassin... tout une technique ! J´ai du reprendre possession de mes 100% de siège en 1h je pense, mais quelle bataille et avec le sourire !
Au bout de 2h, le bus fait un arrêt au milieu de nulle part, une baraque pourrie dans une vallée ou seuls quelques buissons reussissent à vivre. Ca tombe bien, je descends et raconte mes aventures à Hervé qui me raconte les siennes. Disons que de son côté c´ést pas mieux. Devant ils sont 4, le chauffeur, deux gars qui s´échangent un sceau en guise de siège et Hervé sur un vrai siège. Après que ces gars aient soulevés le bus pour y trafiquer je ne sais quoi (pas rassurant au milieu d´un no man´s land), on décide d´inverser les rôles, pour voir qui a la place la plus pourrie de tous.
Je découvre donc l´univers que vient de quitter Hervé, un chauffeur rock´n roll avec ses lunettes noires, et un pti rectus le rendant amical mais peu bavard, et deux jeunes gamins qui passent leur temps à se taper dessus ou à se mettre des grosses mains au cul, avec parfois une "petite olive" au passage. Je décide de les ignorer et commence à ècouter mon lecteur MP3 (2000 ans d´histoire sur France Inter). J´ai eu le temps de me faire "Les Médecis", "La CIA", "La fronde", "Les Francs Macons", et deux ou trois autres émisions, bref au moins 2h30 d´écouler au milieu de paysages absents de toute vie (sauf des mousses et des buissons).
Vers la moitié du trajet on traverse un ptit village abandonné comme il y en a tant sur le parcours, et un autre bus nous double. Soudain, la vitre avant, côté chauffeur explose, faisant un bruit fracassant et me sort de mon émission culturelle. Sur le moment personne ne réagit, tout le monde regarde le morceau de vitre "mosaïqué" restant, essayant de comprendre ce qu´il venait de ce passer. Le chauffeur réalisant qu´il ne voyait plus rien demande à un chico de lui dégager le morceau de vitre éclaté devant lui, tout en continuant de rouler. Moi, je rigole de mon côté et trouve cette scène assez loufoque. On continue, comme si de rien était, le chauffeur étant même plus classe sous l´effet du vent.
Je décide de faire une vidéo de tout ca, et de partager un peu avec les chicos quelques cigarettes, l´appareil photo et mon lecteur MP3 (j´ai changé France Inter pour Astonvilla, d´ailleurs ils ont aimé).
Après 45 mains au cul, 18 baffes et une dizaines d´échange du sceau au tableau de bord entre les 2 chicos, mon lecteur me lache, plus de batterie.Il reste encore 1h, enfin c´est ce qu´on m´annonce, il y en avait encore 2. Nous sommes arrivés à Uyuni à 20h, la nuit s´était installée depuis quelques minutes, et l´effet était saisissant. Les rues était mal éclairées, révelant parfois des ombres, voire quelques visages intrigués au coin de rue. (oui, le bus sans vitre ca laisse songeur).
!
Voila un peu de cette journée qui pour moi fut assez épique
Yann V.
Hervé : ben, je crois qu'il a tout dit !
Libellés : Bolivia - Bus Potosi-Uyuni